La
période des fêtes vient de se terminer avec les réunions de
famille que ce temps suppose. Je constate encore une fois à quel
point les relations entre les personnes sont fragiles. Ce constat
m’amène à me poser la question suivante: À quel moment dans
notre vie a-t-on appris à vivre en relation avec les autres? Je suis
obligée de dire : « À aucun moment ».
L’apprentissage des relations s’est fait par essais et erreurs
d’abord dans notre famille (ce qui peut expliquer les difficultés
relationnelles), ensuite avec les compagnons de classe et les amis.
Je
crois qu’on peut apprendre aux enfants à vivre des relations plus
saines et harmonieuses. Une connaissance et une conscientisation des
relations qui sont vécues peuvent sûrement aider dans ce sens. Ce
sera l’objet de mon propos sur ce blogue.
Tout
d’abord, un constat : toutes les personnes humaines ont un
besoin fondamental d’aimer et d’être aimé. En conséquence,
l’amour se vit en créant des liens avec des personnes. L’amour
se vit à travers des relations entre les personnes. Pour satisfaire
ce besoin fondamental, les relations deviennent donc un apprentissage
essentiel pour la personne.
On
sait que les enfants ont d’abord besoin d’être aimé avant
d’aimer. Être aimé, ça veut dire quoi?
C’est :
- Être reconnu au cœur de soi;
- Être en sécurité;
- Être vu;
- Être compris;
- Être accueilli;
- Avoir sa place;
- Avoir des responsabilités à sa hauteur;
- Recevoir de la tendresse;
- Donner de la confiance en soi.
Les
enfants ont besoin d’être aimé par :
- Leurs parents, d’abord;
- Leur fratrie;
- Leur famille élargie;
- Leurs éducateurs;
- Leurs amis.
Il
existe différents types de relations. Il est important de
différencier ces types afin d’ajuster
les attentes.
- Les relations de sang/les relations familiales
Ce
sont les liens que l’enfant vit avec sa mère, son père, ses
frères, ses sœurs, ses grands-parents, ses oncles, ses tantes, ses
cousins et ses cousines. Ce sont des liens qui l’enracinent dans
une histoire et une lignée. Ce sont aussi les liens que l’enfant
peut vivre à l’intérieur d’une famille recomposée.
- Les relations d’éducation
Ce
sont les liens que l’enfant vit avec un adulte dont le but est de
lui apprendre, de l’aider à grandir, le former, le conseiller, le
corriger, en un mot l’éduquer. Ce sont par exemple : ses
enseignants, son entraîneur, son professeur de danse.
Dans
cette relation, l’enfant n’est pas à égalité avec son
éducateur. Ce dernier exerce sur lui une autorité bienfaisante.
Il vit aussi ce type de relation avec ses parents.
- Les relations de camaraderie
Ce
sont des liens cordiaux que l’enfant vit au quotidien avec des
personnes de son âge. Ces liens sont dus aux circonstances :
même classe, même école, même équipe. Il y a une certaine
entraide et solidarité mutuelles, mais les relations sont plus
superficielles.
- Les relations d’amitié
Ce
sont des liens forts et profonds que l’enfant vit avec des
personnes de son âge à travers lesquelles il livre beaucoup de
lui-même.
Il
existe trois critères pour que la relation en soit une d’amitié :
- Affinités et harmonie
Les
idées, les goûts, les valeurs sont semblables.
Il
y a une bonne entente. Les conflits se règlent facilement.
- Communication
Chacun
exprime ses idées, ses émotions, ce qu’il est et il est accueilli
dans ce qu’il exprime.
- Réciprocité
Chacun a une place ÉGALE dans la
relation.
L’amitié est une relation
d’égalité.
La
relation d’amitié évolue quand elle est nourrie par des échanges.
La
relation d’amitié cesse quand elle n’est pas nourrie, quand il y
a une trop grande divergence d’idées, de goûts et quand il y a
inégalité.
- Les relations d’être
Ce
sont des liens que l’enfant vivra quand il sera grand.
Ce
sont des liens forts et profonds entre des personnes qui ont un
projet ensemble, une même mission dont le but est de transformer
quelque chose d’essentiel en elles et autour d’elles. Ce sont par
exemple : vivre en couple, faire du bénévolat pour un
organisme, etc.
Pour
clarifier les diverses relations que l’enfant vit et les attentes
liées à celles-ci, je vous suggère une petite activité :
Personnes
|
Type
de relations
|
De
quoi le lien est-il fait?
|
Gestes
posés qui prouvent le lien
|
Marche
à suivre :
- Colonne 1 : Personnes
L’enfant fait la liste des
personnes avec lesquelles il vit des relations. Suggérer à l’enfant
de commencer sa liste par les personnes les plus significatives pour
lui à la maison, à l’école, dans ses amis, dans ses loisirs.
- Colonne 2 : Type de relations
L’enfant identifie le type de
relations qu’il vit avec la personne identifiée.
- Colonne 3 : De quoi est fait le lien?
Demander à l’enfant d’exprimer
le lien en un ou deux mots. Suggérer les mots suivants : amour,
attachement, bienveillance, compassion, aide, affection, tendresse,
respect, entraide, aide, dévouement, intérêt, confiance,
compréhension, douceur, etc.
Il se peut que la relation avec
certaines personnes soit plus négative. Suggérer alors les mots
suivants : désaccord, opposition, non-respect, intolérance,
non-écoute, mépris, méfiance, violence, égocentrisme, rejet,
jugement, non-confiance, intimidation, appartenance à une gang, etc.
- Colonne 4 : Gestes posés qui prouvent le lien
Suggérer les mots suivants :
jouer ensemble, encourager, consoler, réconforter, prêter, donner,
compter sur quelqu’un, s’excuser, apprécier, partager, recevoir
de la tendresse, avoir de la patience, un regard admiratif, des
gestes d’attention.
Après avoir complété le tableau,
faire partager les éléments trouvés. Demander à l’enfant le
constat qu’il fait après avoir fait cette liste.
- Y a-t-il des indices qui supposent que certaines relations sont à conserver, à améliorer ou à couper?
- Quelles actions doit-il poser pour conserver, améliorer ou couper une relation?
Apprendre
à vivre en relation est essentiel pour toute personne, mais plus
elle le fait tôt, plus elle a de chances de vivre harmonieusement et
ainsi, consacrer ses énergies à développer et rayonner de ses
dons. Tout au long du programme À
la découverte de soi ,
l’enfant fait cet apprentissage.
« Le
sens de la vie est de trouver ses dons. Le but de la vie est d’en
faire don aux autres. » Pablo Picasso
Danielle
Savard